Claude Aslan


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Epure ( S.Arabo )

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...Je lui ai demandé si...

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Ce fleuve..la Moskova..ou la Néva..ces cris ! Dieu ! ce vieux sofa rouge..rouge..

schizophrénique sans vergogne bretzels au poivre,gâteaux aux noisettes prodigi-

eux miroir,les cheveux en sang,encore un verre. " Chère,très chère Lou Salomé,

à nouveau la cinquième de Malher..ce phonographe sous ces dentelles.."ivresse

du lilas,toutes ces lettres sur la commode,mes doigts frôlèrent la noire chevelure

de ma visiteuse une fille grande et maigre venait d'entrer au café,portant un man-

teau gris,au café Schwarzenberg toujours.Encore un verre Maximilian...un verre

de cristal.." Il fait froid Konstanzinia ! remettez des boulets et donnez-moi une

autre carafe ".

" Monsieur l'Ambassadeur désire -t'-il la carafe de ratafia ou celle de laurier-ceri-

se..."

" Ratafia bien sûr " Trop beaux trop beaux ses seins de lune.Krysalia ! Ô ma sa-

gesse,ne plus songer à cette nuque...ne plus songer à cette fille blanche aux ju-

pons jasminés.Je ne sais comment fouetter mes veines,clown,et trois mazurkas

Polonaises..Zogrodich nue allait chanter pour moi pour l'Ambassadeur devenu

vieux,vieux et gris.Encore un verre,encore un verre trop fin..Kourkoursky brû-

ler cette icône..et aller marcher au plus vite..

" Konstanzinia ! mes gants et ma canne ! "

"Monsieur l'Ambassadeur passera-t-il par le quartier des prostituées.J'allumerai

dix cierges.."

Bouteilles poussiéreuses tellement érotiques,vieux piano.Improvisation au piano..

Dimitri pour le thé..Déjà..Avec ses yeux d'eau glacée,cette femme mouchetée de taches

de rousseur sur la poitrine,elle voulait jouer mes valses,elle a souri,je lui ai demandé si,

elle a dit non,absolument non,j'ai ri et suis parti..Contraindre à cette sagesse ! L'Ambas-

sadeur en poste au sud d'Alep avait noté sur son carnet jaune,ces mots,ces mots là.

" Il fait toujours froid ici Konstanzinia ! donnez-moi la carafe de ratafia,remettez les

boulets,et fermez les volets "

"Monsieur l'Ambassadeur..avec ou sans mon chapeau noir.." un tel opaque silence..

l'odeur du tabac cru...

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Poème aimablement communiqué par l'auteur à Silvaine Arabo

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Une Saveur aux Confins des Masques

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Parole balbutiée,ce vent mauvais sur la pierre blessée

dans les clameurs de mes doigts d'aveugle

femme ! à contre-mer,à contre-jour,à contre-vie

ce corps fondu d'une seule coulée,

torsade de rouge prune

feuillage mortel,

cette chair d'ombres étranges,

terre,terre inconnue aux contrées fugitives

perlées d'âcreté

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Ô visage pluriel dans ce livre du voyage vertigineux

femme ! à double-fil,à doux-amer,à double-sens

ce corps d'abondance aux mille mers

brûlées d'aurores

introduire une sève brune,l'infime delta doré,angoisse

l'image du fruit éclaté,pourri,rongé,

morte racine

avec ce regard d'aveugle,

ce regard gelé pour rayer le songe

du verre de la peau offerte

triomphale marée

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       il y a une danse,une danse roumaine

       je crois,

       ces femmes en robes rouges et noires

       je crois,

       et cette musique si belle,des violons

       je crois,

       il y a des roses d'hiver de Roumanie

       je crois,

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Rumeur,plainte hallucinée au fond des sépultures

avec ce coeur d'aveugle polir ces courbes succulentes

femme ! à contre-fruit,à contre-vin,à contre-miroir

nuit diurne,

à cette sombre vigne des lèvres médusées jusqu'aux os,

immerger les masques de violence à mordre le signe,

le signe du chant alluvial,indéfinissable

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       il y a une danse,une danse roumaine

       je sais

       ces femmes dansent autour des tombes

       je sais

       là-bas,au loin,en Roumanie.

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" Cinq Chants pour un Poème " : chant 2

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Valdaya

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Nous avons vieilli comme un poids désormais inutile

au fond du Temps,

une odeur de brûlé...

ce cahier bleu pages frissonnées,

manteau sur nos grandes douleurs.

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Nous garderons le froid secret des instants source

en serrant nos lèvres bleuies,

chrysanthème d'infamie sur nos yeux,

une brume embaumée de l'odeur d'encens

dans un silence tout brodé

seule la voix du vent avec des langues étrangères

au goût de miel sauvage ta bouche...

Valdaya...la violette...l'amour...

la pomme...au fond le pommier rouge éclaté...

le sang

verger éparpillé dans le creux du vieux chapeau gris

la lumière des chandelles posées là,

tremblante blancheur

seul le sang a l'odeur du sang !...notre maison...

le jasmin...

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Ô ! Valdaya ! nous étions en Pologne !...

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peut-on laisser des pages blanches pour nous juger

à l'aube nous nous embrasserons...

Un doux feu de bois de rose...

tes lèvres sèches...en cet instant lune

vin dormant,rencontre rare

sous l'or léger des cils

le chant des vêpres,

tu n'aimais pas ce thé trop fumé

enterre-moi ! enterre-moi ! Ô mémoire sommeil !

le lait caillé,nocturne apaisé ivre de vin lourd

tant de joies en ce corps ceint de voiles peints...

Ô ! Valdaya ! nous étions à Parme !...

théâtre final du destin...ce fruit déjà renaissant

s'incliner tristesse glorieuse...et danser ! danser !

l'héliotrope...

J'ai mis une jupe bleue...cahier bleu...pour danser

miroir de l'accordéon,ressac glacé,s'écouler l'archet

dans l'adagio tu es entré en notre maison

jonchée de feuilles pourries et tu as dansé,dansé !

dans la chambre aux murs de marbre...

Ô ! Valdaya ! nous étions en Russie !...

ton cri d'amour au parvis des centaines d'églises blanches

quelques gouttes de poussière...quelques chants encore...

quelques chants

Divins...

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 " Cinq Chants pour un Poème " : chant 5

                             ( in " Les Petits Cahiers Poétiques d'Europoésie " )

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Au chevet du Silence : séquence 2

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un seul figuier,un seul fruit,décor misérable

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Ce n'était qu'un endroit masqué...

un endroit de débris

un regard sans lumière,un regard fané,

cela était ici...

odeur de fièvre en ce verre embué de poussière

cet état étrange aux contours indécis...

cette fuite

Oui ! cette terre éventrée jusqu'à l'os...

craie...poudre ce sol,

sous sa jupe un buisson de raisin blanc

ce silence sanglot...

innombrables ces chants de femmes,

ces chants poignants arrachés au sommeil

ces chants de femmes arméniennes...peut-être...

O Dieu ! pourquoi n'être pas ailleurs...

Oui ! c'était bien ici,cette rocaille devenue chaux

cette poésie...

un banc...comme un adieu au crépuscule...

et cette tombe...éraflure de lune

dont la brillance fouette les ossements...

cette tombe...comme une empreinte roussie...

Hannah Petroviana...

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une date rivée là...94...

cette maison déserte telle une noire fumée...

un seul figuier,un seul fruit

décor misérable

fruit veuf en sa robe de dentelles,

une goutte d'eau noire

un instant d'enfant au visage blême,

cette chaise du café enlevée la nuit...

ces chuchotements,

ces gémissements de loin en loin...

l'Arménie...l'Arménie...peut-être...

comme un destin soudain mauvais

O Dieu ! pourquoi n'être pas ailleurs...

déposer l'offrande,

cette figue désséchée,

cette bague comme un clou...

une langue oubliée...

ce frémissement de la main.

visage trop nu...

ce nom...Hannah Petroviana...

aimer le mensonge de ce passé chimérique...

si loin...

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Extrait du recueil " Au Chevet du Silence " ( Edit. En Marge )

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                Merci à Claude Aslan pour les textes qu'il m'a communiqués et

              permis de reproduire ici.

                                                S.Arabo

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Claude Aslan,notice bio-bibliographique

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Né à Paris le 23 Octobre 1932.

Retiré à Rambouillet depuis cinq ans.

Auteur de poésie contemporaine,de nouvelles,de contes et d'articles

(critique littéraire).

Conférencier international " Poésie post-moderne et médias ".

Ancien collaborateur du cabinet ministériel d'André Malraux.

Conseiller-délégué à la mairie de Rambouillet.

Directeur de la Revue " Europoésie ".

Président de l'association littéraire " Rencontres Européennes "

Collaborateur régulier à 16 revues poétiques et littéraires.

Organisateur de spectacles poético-musicaux.

Grand voyageur.

6 recueils,très nombreuses anthologies,lauréat de divers concours de poésie.

Claude Aslan est membre de la Société des Poètes Français.

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